Vivre à Riom n°3. Septembre – octobre


Quatrième génération de Riomois, l’artiste peintre Hugo Diogon MAXENCE, 32 ans, après des portraits traditionnels qui lui valent d’être côté à Drouot, revisite l’Art figuratif. Suite au premier portrait luminescent, suivi des « filismes », vient l’élaboration d’une technique dite impossible dans les milieux de l’Art : une série de portraits en peinture noire, sans couleur ni relief, rien qu’un visage qui apparaît et disparaît selon la lumière : la collection « Eclipses ». Influence de la ville à la pierre noire ?
« Riom m’a effectivement sensibilisé à l’art avec la découverte, lors des ateliers jeunesse du mercredi, des tableaux du musée Mandet ». Passionné d’histoire, il décortique les détails du cœur de ville où il a toujours habité. Chaque anecdote historique le questionne et le façonne. « Détruire le Palais Ducal, en récupérer les pierres pour le Palais de Justice, réserver les plus belles pour l’ornement des façades du centre- ville, mais tout de même préserver la Chapelle…» Autant d’anecdotes qui l’interpellent sur la transmission… La Fontaine du Château d’eau, elle, lui enseigne « l’importance de concilier esthétisme et technique» : trop massive, aucune eau n’en sortira faute de pression (du moins au sommet). Quant aux contreforts à l’angle de certaines rues, ils lui rappellent la force de la Nature lors du séisme de Limagne. Ainsi, malgré ses nombreux voyages dans le monde Maxence revient toujours à sa ville, son refuge : « Où que l’on aille, nous n’apportons jamais que nous-mêmes dans nos bagages ».
Contraint par un grave souci de santé, il doit interrompre sa dernière année de master universitaire et son activité artistique, et se résout à un exil « proustien » en Normandie. Après des années sans peinture ni dessein, mais le talent gardé intact, l’artiste peut enfin reprendre ses pinceaux dans les embruns salvateurs de l’océan. Le portrait « Eclipse » de Walt DISNEY, vient d’ailleurs d’être accepté au musée d’Isigny. « Les portraits Éclipses sont ceux de personnalités inspirantes de tous horizons, de femmes et d’hommes importants pour leur apport au monde. Pourquoi en noir ? Pour démontrer que le talent et le génie transcendent la mort».
Une chose est certaine, Maxence est de retour. Et rien ne l’arrêtera, pas même le Noir…
À l’occasion de ce dossier sur l’Art, nous avons souhaité vous apporter la preuve que la relation entre Riom et l’Art ne se conjugue pas qu’au passé mais qu’au contraire, les artistes riomois sont plus que jamais vivants et créatifs. Cette preuve, c’est la couverture de ce Vivre à Riom N°3 qui n’est autre… qu’un tableau réalisé pour l’occasion par l’artiste et expliqué par lui dans ces lignes…

MAXENCE, POURQUOI CE TABLEAU ?
« J’ai été sollicité pour cette couverture. Ce tableau est inspiré de la statue initialement titrée « Communion suprême » (R. L. Rivoire, 1907), connue et exposée dans la cour de l’Hôtel de Ville sous le nom du « Baiser de la gloire ». L’histoire de cette statue n’est pas ordinaire. Au départ, commandée pour la tombe d’un poète, jugée trop osée et refusée, elle trouva enfin sa place en 1923 lorsqu’Etienne Clémentel l’affecta à la ville de Riom en tant que monument commémoratif de la Première Guerre Mondiale. C’est à cette occasion qu’elle fut renommée. »
MAXENCE, QUE NOUS DIT CE BAISER EN 2021 ?
« Ce baiser nous questionne. Aujourd’hui, alors que nous sommes à nouveau dans un moment de grande bascule du monde, cernés par de nombreux périls, menacés par un virus en perpétuelle mutation, tiraillés entre confinements et port du masque, vaccinés et non vaccinés, le toucher devient une menace. Le baiser plus encore. Doit-on renoncer à l’essence de la Vie par crainte de la Mort ? Voilà ce que j’ai voulu exprimer. D’où le choix de couleurs fortes et de la matière dense.
Ce baiser, refusé car jugé trop osé au début du XXème siècle puis récupéré comme emblème de la génération sacrifiée de la Grande Guerre pourrait-il, en ce début de 21ème siècle, à nouveau être refusé car jugé sans barrière et trop risqué ? A nouveau, une génération va-t-elle être sacrifiée ? Passer de l’art de la sculpture à l’art de la peinture n’a en rien entamé la puissance vitale de ce baiser. Maintenant, chacun peut réfléchir à ce que lui inspire ce baiser au temps du covid. Car une œuvre au final, bonne ou mauvaise, n’appartient qu’à celui qui la regarde, et la fait sienne… ou pas. »
Le tableau est visible en semaine dans la cour de la Mairie et le samedi matin à la Halle.
